La Complainte du Progrès 2...
Autrefois s’il arrivait
Que l’on se querelle
L’air lugubre on s’en allait
En laissant la vaisselle
Maintenant que voulez-vous
La vie est si chère
On dit : « rentre chez ta mère »
Et on se garde tout
Un morceau de mon bric à brac de brodeuses.
Cousettes, portes-aiguilles, tampon, crayon, ramailleur, mètre ruban.
Ah Gudule, excuse-toi, ou je reprends tout ça…
Mon frigidaire, mon armoire à cuillères
Mon évier en fer, et mon poêle à mazout
Mon cire-godasses, mon repasse-limaces
Mon tabouret-à-glace et mon chasse-filous !
La tourniquette à faire la vinaigrette
Cousettes publicitaire une Tête de Cheval et une Kores
j'avais déjà la bleu et j'ai chiné la verte en juillet
mais il lui manque une bobine de la marque Thiriez.
Le ratatine-ordures et le coupe friture
Et si la belle se montre encore rebelle
On la fiche dehors, pour confier son sort…
Au frigidaire, à l’efface-poussière
A la cuisinière, au lit qu’est toujours fait
Au chauffe-savates, au canon à patates
A l’éventre-tomate, à l’écorche-poulet !
J'ai aussi des dés qui n'ont plus la cousette.
Mais très très vite
On reçoit la visite
D’une tendre petite
Qui vous offre son coeur
Alors on cède
Car il faut qu’on s’entraide
Et l’on vit comme ça jusqu’à la prochaine fois
Et l’on vit comme ça jusqu’à la prochaine fois
Et l’on vit comme ça jusqu’à la prochaine fois !
Boris Vian.
Merci à vous qui passez me voir.
Geneviève.